Lieu idéal pour la tenue d'un symposium de sculpture, les Îles-de-la-Madeleine sont elles-mêmes de véritables sculptures naturelles! Long de près de soixante-cinq kilomètres et formé de six îles reliées par d'étroites dunes de sable, l'archipel compte plus d'épaves que de navires ; il est habité par quinze mille personnes dotées d'une extrême débrouillardise.
La troisième édition du Symposium Mer Océanie, Sur la mer comme au ciel, coordonnée par Martine Martin et subventionnée par la Collection d'oeuvres d'art Loto-Québec, a suscité une grande variété de réponses artistiques offertes dans un large éventail de techniques. Certains artistes venaient des îles, d'autres des Maritimes, et d'autres encore de Montréal, de Saint-Hilaire et de Québec. Plusieurs, aguerris par de précédents symposiums aux Îles-de-la-Madeleine, y sont retournés simplement pour la beauté de l'endroit. La majorité des oeuvres ont été installées à Havre-Aubert, village chaleureux et pittoresque dont les habitants, au XIXe siècle, accueillaient en foule les bateaux de pêcheurs pour ensuite préparer et faire sécher morues et anguiUes sur de longues tables extérieures. On y empile encore le foin dans les champs, le protégeant sous des toits de métal, comme autant de maisons...
HOMMAGE AUX MADELINOTS
La grande vedette du Symposium fut sans nul doute Armand Vaillancourt. Il a eu l'idée de créer un monument sculptural permanent intitulé Le Coeur des îles sur une ancienne cale de construction de bateaux nettement visible de Havre-Aubert. S'investissant dans ce projet avec son sens habituel des dimensions et du contexte historique, VaiUancourt a soulevé le pont de dix mètres du Dona May, un chalutier abandonné il y a près de dix ans, et l'a placé à la verticale sur une plateforme autrefois utilisée pour extirper les bateaux de la mer. Attaché par des câbles d'acier et orné en son centre d'un cœur d'acier recouvert d'émail rouge vif, Le Coeur des îles rend un bel hommage à la lutte des Madelinots pour leur survie au cours des siècles; l'oeuvre rappelle en même temps la propre expérience de VaiUancourt qui, dans sa jeunesse, a travaiUe à bord de bateaux qui sillonnaient les Grands Lacs et le golfe du Mexique.