Avec son frère, Yann Beauregard-Lemay a commencé â répertorier les œuvres de son père. " Chaque œuvre, c'est une histoire ", constate-t-il, remarquant que chaque personne a une relation toute particulière à l'oeuvre qu'elle a acquise. Ils ont mis sur pieds un site web qui rassemble les œuvres qu'Ils ont retracées, ainsi que des notes tirées des cahiers et des carnets de voyage de leur père.
« Je trouve ça merveilleux que mon père ait eu une carrière artistique, parce que tu laisses vraiment une partie de toi, de choses que tu as vues, de couleurs, de mouvements que tu as mis sur un tableau. La mémoire au fil du temps se façonne et change. On va se construire une mémoire autour de cet objet-là, qui n'est parfois pas tout à fait vraie, mais c'est ça qui est beau avec la mémoire, elle change. »
L'art pour prolonger la mémoire
Dans les années 2000, René Lemay a effectué une série de voyages en Asie. Il a découvert là-bas la technique chinoise des laques, qu'il a intégrée dans son travail. "À travers le processus des laques, qui est une technique de préservation, je pense que mon père avait envie de laisser quelque chose qui va perdurer" dit son fils.
Il observe que les oeuvres d'art, avec la sensibilité qu'elles captent, deviennent porteuses de la mémoire d'une personne, mais également d'une mémoire collective, et même historique. « Il y a un dialogue qui continue à s'installer entre les oeuvres et les projets qu'on a. Mon père ne reviendra pas. Mais la mémoire, c'est un contact avec la personne que tu as aimée. C'est une boussole qui permet de savoir où aller. »
— Yann Beauregard-Lemay